Le rapport de L'IGF sur les professions réglementées : ce qui vous attend
Chères consœurs, chers confrères,
Nous avons pu nous procurer le fameux rapport de l’Inspection Générale des Finances (IGF) dont M. MONTEBOURG ne cesse de se servir pour jeter l’opprobre sur les professionnels libéraux dont nous faisons partie.
Nous nous sommes donc penchés sur ce texte et vous trouverez ci-dessous les points qui nous paraissent essentiels de vous communiquer.
En tout premier lieu, dans la synthèse, il est noté que le bénéfice net des 37 professions réglementées qui ont été étudiées a progressé de 46 % sur la période 2000-2010.
Cela contredit alors le rapport de la Cour des Comptes du 15 juillet 2014 sur les rapports entre la Caisse Nationale d'Assurance Maladie des Travailleurs Salariés (CNAMTS) et les professions de santé : Selon ce rapport, nous avons vu nos revenus baisser de 5% sur la période 2002-2012. (Sic !)
Voilà pour débuter, une contradiction des plus fâcheuses... Qui devons nous croire ? L'IGF à la botte d'un ministre désirant faire de nous LA cause de la situation économique dramatique de la France ou une institution plus neutre qui montre quelle est la réalité de votre quotidien, qui confirme ce que vous constatez jour après jour à savoir que NOTRE POUVOIR D'ACHAT BAISSE ?
Vous verrez par la suite que ce n’est que le premier d’une longue liste…
Vous trouverez plus loin, un graphique (graphique 1, page 5) ; il nous place en tête du taux de rentabilité avec les infirmiers et podologues avec un taux (approximativement) de 55% pour 2010.
Notre taux de rentabilité selon l’UNASA (Union Nationale des Associations Agrées) est de 52% en 2013 (http://unasa.pixm-dev.fr/resultat). Soit déjà 3 points de perdus en 3 ans…
Il faut de plus considérer dans ce taux de bénéfice, le statut du libéral : nombres d’heures travaillées, pas de congés payés, faiblesse de la prise en charge par l’Etat en cas de maladie et délai de carence de 90 jours, etc.
Finalement à l’image d’un salarié en CDD qui bénéficie de primes liées à son statut, on peut penser raisonnablement, à la lecture du rapport de l'IGF, qu’il en est de même pour les masseurs-kinésithérapeutes libéraux.
Et pourtant malgré ce taux de rentabilité « scandaleux », notre revenu est compris entre 2000 et 3000 euros (page 8, tableau 1) ! Autant vous dire qu’avec un taux de rentabilité identique aux entreprises (soit environ 20% (arrondi inférieur), notre taux étant 2,4 fois supérieur), nos revenus culmineraient entre 830 et 1250 euros/mois…
Sans oublier que pour obtenir ces revenus, à l’image des médecins, des infirmiers libéraux, etc, nous travaillons plus de 54 heures par semaine en moyenne… Je vous invite à ce sujet à lire le rapport de l'enquête qu'a menée la CARPIMKO en 2008 sur la pénibilité (disponible sur demande)...
Il me semble donc que le statut du professionnel libéral demande une autre étude que le simple bénéfice net mensuel !
Selon les chiffres donnés dans ce rapport, si l'on rapporte nos revenus moyens à un taux horaire, considérant que nous travaillons en moyenne 54 heures hebdomadaires, nous tombons alors à moins de 13,88 €/heure !
Est ce trop pour une profession qui exige 4 années d’étude ? Je ne crois pas …
En poursuivant la lecture, nous tombons sur un chapitre extrêmement étonnant dans lequel est mis en avant le faible pourcentage de défaillance au sein de notre profession (graphique 6, page 12).
Mais est ce vraiment négatif ?
A l’heure où depuis des années les gouvernements successifs n’ont pas su endiguer la hausse du chômage, on ne trouve pas normal que les kinés ne produisent pas assez de chômeurs ? Affligeant…
Un autre tableau attire encore notre attention : tableau 4, page 14-15 :
Un sondage effectué par Opinion Way en 2012 compare le revenu mensuel estimé par profession avec le revenu mensuel considéré comme « juste » et le revenu médian… Nous y observons que la quasi-totalité des revenus des professionnels sont de fait sous-évalués.
A part attiser les rancœurs, nous pouvons nous demander l’objectif d’un tel sondage.
De plus, est ce la faute des différents professionnels si les sondés n’ont pas en tête la moyenne des revenus selon les métiers ? J’y vois là plutôt un défaut d’information sur les rémunérations des différentes carrières envisageables !
D'ailleurs, nous serions tous très curieux d’avoir le même sondage sur les émoluments des hauts-fonctionnaires ayant rédigés ce rapport…
Le titre du chapitre 3 (page 16) aussi me donne à réfléchir : il y est question d’efficacité économique… Sans nier qu’il faille veiller à ne pas gaspiller d’argent dans le domaine de la Santé, peut-on vraiment parler d’efficacité économique ?
A quoi bon « investir » dans les soins palliatifs ?
Je vous laisse méditer sur l'avenir que souhaitent donner l'IGF et Monsieur Montebourg à notre système de santé...
Dans le tableau 16 (pages 19-20-21), nous observons que seulement 7% des sondés estiment que l’on ne rend pas de service ! On peut donc considérer en regard des 93 % que l’on soulage, que l'on soigne, que l'on "guérit", etc. Voila peut être l’une des justifications de nos revenus : on sert bel et bien à quelque chose !
Je ne peux m’empêcher de citer l’option citée pour les infirmiers (page 46) : « les infirmiers pourraient être autorisés à renouveler les prescriptions des médicaments contre la douleur ».
A croire qu’il y a beaucoup de patients qui ont simplement des prescriptions d’antalgiques… ?! Cela va juste rajouter un acte facturé pour les infirmiers (ce qui ne me dérange pas au demeurant tout comme l’accès à la prescription pour les auxiliaires médicaux) sans enlever la consultation du médecin… Donc une mesure qui se veut économique mais qui pourrait au contraire augmenter les dépenses de santé !
La dérèglementation ne concernerait pas seulement les modalités des études mais aussi la tarification. En effet, (page 32) il est préconisé de faire intervenir l’Autorité de la concurrence (oui, vous lisez bien, la même qui rappelle à l’ordre les opérateurs téléphoniques lorsqu’ils s’entendent sur les prix) pour améliorer les méthodes appliquées pour les tarifs remboursables. L’Autorité de la concurrence serait plus à même d’évaluer l’augmentation des coûts d’exercice d’une profession et surtout d’établir des marges en fonction de la durée de formation, de la prise de risque associé à l’activité, etc.
Autrement dit, c'est officiel, la principale considération de l’Etat ne serait plus la qualité des soins mais le prix !
On peut aussi prendre en compte la proposition d’autoriser l’investissement par les non-professionnels dans les SEL (page 50). J’imagine déjà le jour où Xavier Niel ou un autre entrepreneur (car il s’agit là de faciliter l’esprit « entrepreneurial") investiront dans toutes les SEL de France !
Quel est l’intérêt ? Pour le patient ? Le praticien ? L’Etat ?
On jettera en pâture les SEL aux spéculateurs…
Pas sûr qu’à moyen terme cela revienne moins cher à l’Etat…
En guise de conclusion, ce rapport ne promet la création que de 120 000 emplois à 5 ans si ses options sont mises en place…
Une seule expression me vient alors : « Tout ça pour ça » !
Sur la base de ce rapport, nous ne pouvons que nous opposer vivement à l’application de telles mesures de dérèglementations.
Tout comme l’a fait l’UNAPL (Union Nationale des Professions Libérales) récemment.
Une fois n’est pas coutume, nous serons surement appelés à manifester dans toute la France pour montrer notre mécontentement. Nous devons d’ores et déjà nous y préparer. Il en va du devenir de la profession telle qu’on la connaît !
En attendant, nous vous invitons à nous rejoindre dès aujourd’hui pour nous aider à défendre votre vision de notre beau métier en cliquant ici.
Rémy RIVIER (@remyrr13) (Secrétaire Général FFMKR13)
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